EPISODE 13. France 3 donne la parole aux champions de la région confinés. Aujourd’hui, le volleyeur dunkerquois Barthélémy Chinenyeze, revenu d’Italie en pleine crise sanitaire, et qui devait disputer les JO avec les Bleus.
Drôle d’aventure pour Barthélémy Chinenyeze. Le jeune central (22 ans) de l’équipe de France a connu deux confinements en quelques jours, et deux contextes complètements différents.
Après un passage par Tours, le grand joueur dunkerquois jouait cette saison dans le championnat italien, dans le club de Vibo Valentia, en Calabre. Il a donc vu arriver la pandémie de covid-19, qui a déferlé comme un tsunami en Lombardie.
« Au début, seule cette région du Nord était confinée. Nous avons vu l’évolution de la crise avec un passage très rapide en zone jaune, orange, puis rouge, donc avec l’instauration du confinement. Nous, dans le sud de l’Italie, n’étions pas directement concernés. Nous pouvions même continuer à jouer . Nous avons même pu jouer un match è huis clos au début du mois. Mais au retour de ce match, nous apprenons que le championnat est suspendu. Nous avons quand même continué à nous entraîner, en tant que sportifs de haut-niveau, dans des conditions strictes, en respectant notamment les mesures barrières. Nous évitions même de nous taper dans la main, comme cela se fait couramment au volley-ball ».
Survient ensuite ce qui était attendu. Toute l’Italie, le pays le plus touché par l’épidémie, est alors confinée. Nous sommes le 10 mars. » Cela a été tout de suite un confinement total. Nous n’avions le droit de sortir uniquement pour faire les courses ou aller à la pharmacie. La police contrôle sévèrement. Les contrevenants risquent directement trois mois de prison.
23 heures de route pour rentrer !
Barthélémy subi cette contexte anxiogène, comme les deux autres joueurs français de son club, Swan N’Gapeth et Timoth Carle, qui logent dans la même résidence, à Maierato, village de 2000 habitants dans la campagne calabraise. « Nous voyions l’évolution catastrophique des malades et des décès cela provoquait un énorme stress ».
« Quand nous avons appris que l’entraînement était à son tour interdit, nous avons demandé, les joueurs étrangers, à pouvoir repartir chez nous. Mais le club a refusé car il y avait une incertitude sur la reprise du championnat. Il nous a fallu batailler », confie Barthélémy.
Finalement, face à l’extension de l’épidémie, les dirigeants du club autorisent leurs joueurs à partir. Cela se passe le 17 mars ; le jour où la France passe à son tour en confinement. Barthélémy et ses deux équipiers français louent un minibus pour rentrer au pays. Un véritable road-movie…
« Depuis la Calabre, nous avons mis près de 13 heures pour rejoindre la France. Nous avons été arrêtés à la frontière, près de Menton. Nous n’avions pas sur nous l’attestation de dérogation nécessaire. Mais les policiers ont été compréhensifs. Ils nous ont laissé passer. Nous nous sommes séparés à la Seyne-sur-Mer. Timothée et Swan sont rentrés chez eux. Moi, j’ai loué une voiture et je suis parti dans la foulée vers Dunkerque. J’ai dû faire 23 heures de route en tout ! »
Un confinement plus facile à vivre
Au bout de ce périple, le soulagement… Le jeune homme rejoint le domicile familial à Coudekerque-Branche, où il commence un deuxième confinement, plus facile à vivre…
« Ici, je ne suis pas tout seul et j’ai été heureux de retrouver mes proches. Bien sûr, je n’ai pas le problème de langue que j’avais en Italie. Les conditions sanitaires sont meilleures qu’en Italie, où les services médicayx sont dépassés par l’épidémie. Je trouve même que le conditionnement est plus souple en France. Je suis étonné de voir autant de gens dehors pour faire du footing dans la rue».
A Coudekerque, Barthélémy vit cette situation comme tous les sportifs. » Nous avons un entraînement en visioconférence tous les jours à 15h avec notre préparateur physique resté en Italie. Nous nous sommes engagés à revenir dès que la reprise du championnat sera annoncée ».
Le reste du temps, c’est séries sur Netflix, les jeux en famille, du jardinage, et surtout beaucoup de temps au téléphone avec les amis.
Avec ses équipiers de l’équipe de France, il a créé un groupe sur le réseau social what’s ap. Ils ont eu l’occasion de parler de l’autre choc : le report des Jeux Olympiques en 2021.
Report des JO ? « Je serai plus fort dans un an… »
L’équipe de France avait arraché sa qualification pour Tokyo à l’occasion d’un tournoi de qualification olympique (TQO) héroïque, en janvier. » Dans un premier temps, nous avons bien sûr été décus par la nouvelle. Mais nous sommes tous d’accord. Le report, c’était la meilleure solution. Il n’était pas possible de jouer en juillet au Japon alors que le virus est toujours là. C’était trop juste aussi au niveau de la préparation ».
Depuis, la motivation s’est forcément relâchée. « Au début, ce confinement nous a permis de nous reposer. Mais au volley-ball, habituellement, nous enchaînons les championnats l’hiver, et les compétitions internationales avec l’équipe de France l’été. C’est dur de ne rien faire. Nous ne sommes pas en vacances », rappelle le volleyeur dunkerquois.
Vu le manque d’activité, Barthélémy connaît des problèmes de sommeil. «Comme je ne me dépense pas, j’ai du mal à m’endormir. Du coup, je vis complètement décalé. Mais je ne me plains pas car ce que vivent les soignants est autrement plus dur ».
Quant aux Jeux Olympiques, le jeune volleyeur international l’accueille avec philosophie, et sagesse. « A 22 ans, j’ai encore une marge de progression devant moi. Je serai certainement plus fort dans un an… »